Mathilde Le Gall, alumni de l’ESCAET : 25 ans de parcours dans l’industrie du voyage d’affaires

Pourquoi avez-vous décidé de faire carrière dans le tourisme ? Comment cette vocation est-elle née ?
Initialement, je nourrissais le rêve de devenir hôtesse de l’air, fascinée par l’univers d’Air France. Mais les critères d’âge – 21 ans minimum pour la formation – m’ont freinée après mon BTS Tourisme. J’ai alors choisi de prolonger mes études dans le domaine du tourisme. Lors d’un entretien décisif, Monsieur Thurot, alors directeur et fondateur de l’ESCAET, m’a persuadée d’opter pour un cursus en bac+5 plutôt qu’en bac+3. Une décision dont je lui suis encore reconnaissante, tant elle a orienté ma trajectoire professionnelle. Ironiquement, je dois aussi un merci à Air France pour ce détour !
Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de votre parcours professionnel depuis votre sortie de l’ESCAET ?
Diplômée en 1999, j’ai débuté par des stages opérationnels chez des tour-opérateurs, sillonnant les agences de voyage pour prospecter. Ma carrière a véritablement pris son envol chez Amadeus, où j’ai occupé le poste d’account manager pour la France. J’ai eu la chance de contribuer au lancement de la business unit corporate avec l’outil SBT Amadeus e-travel management, une innovation marquante il y a 25 ans. Après quatre années enrichissantes, j’ai rejoint Europcar comme strategic account manager dans la location courte durée, un univers différent mais captivant, dans lequel je suis restée pendant six ans. Depuis 15 ans maintenant, je suis chez Airplus International où j’ai d’abord été en charge de comptes stratégiques en France et à l’international, puis j’ai pris les fonctions de Head of Account Management. Aujourd’hui, je suis directrice commerciale pour Airplus International en France, à la tête d’une équipe dynamique de sales et d’account managers.
Qu’est-ce qui a orienté vos choix de postes et de secteurs ?
L’attrait pour la relation client a toujours été mon moteur, avec cette ambition de transformer une dynamique client-fournisseur en un partenariat durable et mutuellement bénéfique. Amadeus et Airplus, piliers de l’écosystème du travel, m’ont offert une perspective globale et stratégique. Mon passage chez Europcar, plus opportuniste, m’a plongée dans un métier opérationnel et technique, mais ma préférence reste les rôles au cœur du déplacement professionnel, me permettant d’avoir une vision à 360°.
Parlez-nous de l’entreprise dans laquelle vous évoluez aujourd’hui.
Je travaille actuellement chez Airplus International, récemment acquis par la banque suédoise SEB Kort Bank AB. Nous développons des solutions de paiement B2B pour les entreprises. Si notre expertise s’est d’abord concentrée sur le travel, elle s’étend désormais, depuis la crise du Covid, à tous types d’achats professionnels. Avec une activité exclusivement B2B, notre ambition est claire : devenir leader du corporate payment en Europe et en Amérique du Nord.
Quelles sont les trois compétences clés que vous utilisez au quotidien dans votre métier ?
Mon quotidien s’articule autour de l’écoute, de l’empathie et d’une volonté profonde d’accompagner mes équipes dans leur développement, tant sur le plan des compétences que dans leurs relations clients. Sur le plan technique, l’organisation et le management d’équipe sont essentiels, soutenus par une agilité et une vision stratégique pour anticiper les évolutions du marché. J’accorde aussi une importance cruciale à l’équilibre entre l’intuition – cette capacité à s’exprimer avec le cœur – et une méthodologie commerciale rigoureuse, devenue indispensable aujourd’hui.
Quelle est votre plus grande fierté professionnelle ?
Je tire une immense fierté d’un congé sabbatique de six mois pris avant la crise du Covid. Pendant un an, j’ai préparé mon équipe de dix collaborateurs à fonctionner en autonomie. Leur performance a dépassé mes attentes : ils ont su saisir des opportunités audacieuses, révélant une maturité impressionnante à mon retour. Aujourd’hui, voir cette équipe fidèle continuer à s’épanouir et à explorer de nouvelles perspectives professionnelles reste ma plus grande satisfaction.
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaite orienter sa carrière dans le tourisme ?
Je recommanderais d’explorer l’intelligence artificielle avec audace et intelligence. Cet outil, encore sous-exploité dans notre secteur, offre un potentiel immense. Comme je l’ai partagé aux étudiants de l’ESCAET en novembre dernier, il s’agit de s’en emparer sans appréhension, de l’expérimenter pour en faire un levier au service des entreprises. C’est une opportunité unique pour la nouvelle génération de redynamiser l’industrie.
Quel est votre souvenir le plus marquant de l’ESCAET ?
Les travaux de groupe et les prises de parole en public, novateurs pour l’époque, m’ont profondément marquée. Mais ce qui ressort avant tout, c’est l’intégration des entreprises dans la pédagogie de l’école. Chaque projet s’appuyait sur un accompagnement professionnel, créant une porosité systématique entre études et terrain. Les enseignants, exigeants, nous poussaient constamment à sortir de notre zone de confort, nous préparant à devenir des acteurs influents de l’industrie.
Qu’est-ce que l’ESCAET vous a apporté au démarrage de votre carrière et après ?
L’ESCAET m’a dotée d’une confiance en moi renforcée et d’un arsenal de compétences pluridisciplinaires. J’ai acquis une vision globale de l’écosystème du travel – marketing, commerce, outils numériques – qui m’a permis d’aborder mes débuts avec assurance. Deux ans après ma sortie, chez Amadeus, je m’exprimais devant une centaine de personnes lors d’événements majeurs. Malgré le stress, je me sentais légitime, un héritage direct de cette formation.
Quelle est la force du réseau Alumni selon vous ?
Le réseau Alumni est une mine de talents : j’y ai puisé des profils exceptionnels pour mes équipes internationales. Nous partageons des valeurs communes, une passion intacte pour le travel et une polyvalence différenciante. Cette marque de fabrique crée une connivence immédiate : même sans se connaître, on se reconnaît dans une langue, une approche, une énergie partagées.
Quels sont les faits majeurs qui vous ont marquée dans l’industrie du tourisme ?
Les crises – attentats de 2001, subprimes, Covid – ont marqué des ruptures significatives. Mais ce sont la digitalisation fulgurante, l’autonomisation des clients et l’émergence d’une conscience environnementale, portée par la RSE, qui m’ont le plus impressionnée. Ces dernières années, la data et l’intelligence artificielle ont accéléré cette transformation. Aujourd’hui, le corporate travel est indissociable des solutions de paiement, un domaine moins glamour mais intellectuellement stimulant.
Une personnalité inspirante dans le tourisme ?
Difficile de n’en citer qu’une tant j’ai croisé de figures humaines exceptionnelles ! Marie, ma manager actuelle, m’inspire quotidiennement par son énergie et sa vision. À mes débuts, Monsieur Thurot, avec son approche visionnaire de l’ESCAET, a également joué un rôle déterminant dans mon parcours.
Quels sont les principaux enjeux de votre secteur aujourd’hui ?
Chez Airplus, nous visons à devenir leader du corporate payment en Europe et en Amérique du Nord, grâce à des solutions digitales de pointe et un accompagnement humain dans les transformations. Ce défi, ambitieux mais atteignable, s’inscrit dans une volonté de bâtir un modèle durable, à la fois engageant et porteur d’avenir.